Éloge de la diversité, l’une des valeurs fondamentales du Rotary

vendredi 6 novembre 2020

Dave King

 

« Nous ne savons bien sûr pas ce que l’avenir nous réserve, mais peu importe ce qui nous attend, nous devons toujours rester conscients de notre responsabilité particulière. Parce qu’au Rotary nous respectons les valeurs d’égalité, de tolérance et de paix. La tolérance est aujourd’hui une préoccupation importante dans de nombreuses régions du monde. Le Rotary est apolitique et il doit le rester, mais les Rotariens ne doivent pas rester silencieux. Nous sommes fidèles à nos valeurs et au Critère des quatre questions. Nous sommes jugés, non seulement par nos résultats, mais aussi par nos attitudes. »Holger Knaack, 24 janvier 2020.

 

Lorsque le président élu du Rotary, Holger Knaack, s’est exprimé durant l’Assemblée internationale à San Diego en début d’année, peu auraient imaginé à quel point ces paroles deviendraient prophétiques trois mois plus tard.

 

Le 25 mai, George Floyd, un Américain noir de 46 ans, était tué à 2 400 km de là, à Minneapolis, lors d’une arrestation par la police pour l’utilisation présumée d’un faux billet.

 

Sa mort allait éveiller les consciences partout dans le monde.

 

Plus tôt dans son discours de San Diego, Holger, le premier président allemand du Rotary, était remonté dans le temps — un siècle en arrière — pour aborder les bouleversements qui allaient finalement s’abattre sur son pays.

 

« Nous avons beaucoup appris des autres cultures durant cette Assemblée et nous nous sommes concentrés sur le besoin de tolérance », affirmait-il devant un public de Rotariens du monde entier.

 

« Nous avons passé le seuil d’une nouvelle décennie. Il y a cent ans, on appelait cette période ‘les Années Folles’.

 

Nos souvenirs de cette époque sont rendus flous par les photographies et les films. Mais il s’agissait en réalité d’une décennie au cours de laquelle la société s’est de plus en plus divisée, et cela a amené à une catastrophe. »

 

Avance rapide jusqu’au mois d’août. En pleine réflexion quelques jours après les fusillades dans le Wisconsin pendant des manifestations antiracisme « Black Lives Matter », Holger admet être alarmé par ce qu’il voit.

 

« On se demande bien sûr comment cela peut arriver. L’injustice et le racisme ne sont tout simplement pas acceptables, de la même façon que les manifestations violentes. Je suis choqué par ce qui arrive aux États-Unis. »

 

Mais alors que le monde se replie et sombre dans le nombrilisme, Holger insiste sur le fait que ce qui arrive aux États-Unis est unique et différent de ce qu’il se passe dans le reste du monde.

 

« Vous ne retrouvez pas forcément le racisme partout, mais ce n’est pas le cas de la discrimination. Nous devons donc nous replonger dans notre histoire pour en trouver les origines et lutter contre », affirme-t-il, soulignant que les discriminations varient d’un pays ou d’une culture à l’autre.

 

« Que vous soyez en Inde ou au Japon, au Royaume-Uni ou en Allemagne, c’est différent, ajoute-t-il. La discrimination dépend de l’histoire et de ses racines. Vous devez vous plonger dans votre propre histoire, pays par pays, parce que les discriminations ne se ressemblent pas. »

 

Holger est né en 1952 dans une Allemagne qui sort des horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Sous la pression des nazis, les Rotary clubs du pays avaient été dissous en octobre 1937, les obligeant à rendre leurs chartes au Rotary International à contrecœur.

 

Certains clubs ont continué de se réunir en cachette durant la guerre, mais ce n’est qu’en 1948 que le gouvernement autorise à nouveau le retour du Rotary en Allemagne de l’Ouest.

 

Réfléchissant sur les questions de racisme et de discrimination, Holger admet : « Il y a de nombreux exemples horribles dans mon pays. Chaque pays doit résoudre ses propres problèmes, là où ils se sont posés dans le passé. En Allemagne, la décennie la plus sombre a commencé au milieu des années 30, avant la guerre, lorsque la situation s’est détériorée et que la plupart des Rotary clubs faisaient partie du système. Cela ne fait aucun doute. Un groupe d’historiens a récemment écrit un livre décrivant ce qu’il s’est passé et comment les Rotary clubs ont abandonné leurs membres juifs. Il n’y a pas de quoi en être fiers.

 

Je ne pense pas qu’il faille effacer l’histoire. Il faut plutôt en retenir les leçons. J’y crois fermement. Tout doit être transparent afin que nous puissions apprendre en vue de notre avenir. »

 

Au lendemain du décès de George Floyd, le Rotary International a publié sa propre déclaration sur la diversité, l’équité et l’inclusion qui avait été rédigée dans sa première version deux ans auparavant.

 

Et après en avoir discuté cet été, le conseil d’administration du Rotary a décidé qu’il devait en faire davantage et passer aux actes. Un groupe de travail sur l’égalité et la diversité a donc été formé pour rassembler des experts du monde entier et définir une approche internationale.

 

Dans le but de prendre des mesures significatives qui ont un impact mesurable et durable, le groupe de travail étudiera comment « répondre aux préjugés et aux injustices dans le monde, pour nos clubs, district, commissions et programmes, mais aussi dans nos bureaux », selon un document du Rotary appelant aux candidatures de membres pour cet effort.

 

Il est aussi ajouté que « le groupe de travail servira de ressources pour nos clubs afin de reconnaître ceux qui ne se sont pas senti les bienvenus ou valorisés dans un Rotary club, par le personnel ou dans l’un de nos programmes. »

 

Holger explique qu’il « ne s’agit pas d’un problème américain, ce n’est pas seulement Black Lives Matter, c’est une approche différente de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. »

 

« Nous sollicitons des conseils pour prendre les bonnes décisions. Ce n’est pas trop tard et je voudrais vraiment montrer aux Rotary clubs qu’ils peuvent prendre des mesures qui correspondent à leur pays et à leur culture. »

 

Un rapport devrait être remis en juillet prochain. Le groupe de travail s’interrogera en particulier sur comment les Rotary clubs peuvent être inclusifs et ce qu’ils font pour y arriver.

 

« Pour moi, la diversité n’est pas un vœu pieux pour un Rotary club, cela fait partie de nos valeurs fondamentales », ajoute-t-il.

 

Holger est conscient que cette discussion peut mettre certains mal à l’aise au Rotary car ils le voient comme quelque chose de politique.

 

« Chaque fois que nous ne voulons pas discuter de quelque chose, nous disons que c’est politique », rétorque-t-il. Le meilleur exemple est le nouvel axe stratégique du Rotary concernant l’environnement. Beaucoup de gens disent que nous ne devrions pas parler du changement climatique parce que c’est politique, mais je ne pense pas que cela le soit. C’est un fait, et c’est pourquoi c’est important. Si les choses sont manifestement mauvaises, alors nous devons le dire. »

 

 

Publié le octobre 28, 2020

 

Article paru initialement dans l’édition d’octobre-novembre 2020 du magazine du Rotary en Grande-Bretagne et en Irlande

Holger Knaack, président 2020/2021 du Rotary